Vers la Caspienne et direction le désert !  🇮🇷 

Nous repartons de Téhéran direction Mashhad le 24 mai. Devant nous, un peu plus d’une semaine de vélo vers l’Est avec nous l’espérons l’acceptation de notre visa turkmène à la clef !

La sortie de Téhéran est un peu difficile. Pas forcément à cause de la conduite iranienne comme on pourrait le croire : en Iran les automobilistes ont les yeux partout pour éviter mobylettes, carrioles, etc. Alors on s’est toujours senti en sécurité sur la route. Par contre il y a beaucoup de camions et ces derniers émettent souvent une fumée noire très désagréable. Ajouté au bruit généré par un traffic très dense, cette première journée a été intense !

La course avec un camion !

Le soir nous avons pu dormir à l’arrière d’un petit restaurant. Quand c’est difficile de trouver un spot pour du camping sauvage nous demandons très souvent aux restaurants, ou à des particuliers de camper à l’arrière de chez eux. Méthode très efficace qui nous permet de nous sentir en sécurité dans les zones très urbanisées !

Resto et camping, on a même pu prendre une douche, le grand luxe !

Après la sortie de Téhéran nous roulons dans des paysages désertiques qui ressemblent à ceux que nous apercevions à travers la vitre dans notre train entre Yazd et Téhéran. Il fait très chaud ! Nous prenons l’habitude de faire une petite sieste après le déjeuner ce qui nous permet de ne pas rouler pendant les heures les plus chaudes ! Et nous profitons de notre récente découverte : les nougats « gaz » spécialité d’Ispahan aux pistaches et à l’eau de rose existent en version glacée. Flo ne manque pas d’en trouver pour toutes les pauses goûter de l’après-midi !

Une seconde après être arrivés sur l’aire de la station essence, il me faut une sieste maintenant tout de suite !

Miam miam les glaces Gaz pistache et rose !

Après 2 jours 1/2 de pédalage désertique et ayant du temps devant nous on décide de bifurquer vers le Nord. On va passer la chaîne de montagne Alborz et ensuite longer la Caspienne. Objectif : un peu plus de douceur et, au moins pour la traversée de l’Alborz de plus petites routes comme on les aime. Nous avons de la place sur la bande d’arrêt d’urgence mais nous en avons vraiment marre des grosses routes (mais dans le Nord de l’Iran il est souvent difficile de trouver des alternatives).

Cette décision nous réserve 2 jours de vélo dans de très beaux paysages d’abord très arides puis de plus en plus verts.

On roule enfin sur de petites routes dans la nature

 

Les sandwichs aux chips, y’a que ça de vrai !

Réveil-mouton depuis notre tente. Bêêêêêêê

Les policiers iraniens, qui se sont refait une beauté avant la photo, chemise dans le pantalon ! Ils ont bien demandé à Flo de ne pas prendre leur pied en photo pour qu’on ne voit pas qu’ils sont en sandales 😉

Pause chai alors qu’on redescend vers la Caspienne

Quand on regarde une vue satellite de l’Iran on voit bien la zone verte le long de la mer Caspienne. Les iraniens appellent cette zone « the jungle ». Quand nous redescendons vers la Caspienne, l’air devient humide, on se croirait vraiment en Asie du Sud-Est. C’est aussi ici que le riz est cultivé pour l’ensemble de l’Iran. Nous voilà donc partis pour une journée de vélo dans les rizières ! Un fort contraste avec nos journées précédentes dans le désert. L’Iran n’a pas fini de nous surprendre !

Rizière iranienne

Nous arrivons à Sari côté Caspienne et alors que nous cherchons un endroit pour camper (parc ? warmshower ?) Mahmoud arrête sa voiture et nous demande « Do you need help ? ». Il nous propose de camper dans son « orange garden » à 8 km de là. Et comme on est fatigués il vient nous chercher en pick-up avec son cousin ! Tellement gentils.

Première soirée chez Mahmoud ❤ ❤ ❤

Finalement après une première soirée passée avec sa famille, nous sommes invités à dormir à la maison. Et on s’y sent tellement bien qu’on va finalement rester 3 nuits ! Au programme repos, baignade dans le puits du cousin, barbecue, dégustation de fraises en direct du champs, coucher de soleil sur la Caspienne, et surtout beaucoup d’échange avec la grande famille de Mahmoud (ils cultivent principalement oranges et pêches et dans la grande propriété toutes les maisons sont celles de frères, cousins, oncles…). La soirée commence à une petite dizaine et se termine à 40 ! Mahmoud et sa femme Zahra ont habité 4 ans en Angleterre et sont rentrés en même temps que nous en Iran ! La chaleur des iraniens et leur famille les ont convaincus de rentrer vivre ici. On a vraiment passé des moments incroyables avec eux qui resteront gravés dans notre mémoire. En Iran et dans leur famille on s’est vraiment senti comme à la maison et ça fait un bien fou !

Fish barbecue


Et plouf dans le puits !

Vue sur les orange gardens

Plus on est de fous plus on rit !

Organic strawberries !

Ballade à la mer !


Mais nous devons repartir, même si nous avons maintenant prévu de prendre un bus pour rejoindre Mashhad, après ces quelques jours sans vélo ! Nous pédalons 2 jours et prendrons un bus depuis Gorgan. Le soir en cherchant un endroit pour camper un berger nous propose de le suivre jusqu’à chez lui. Et c’est parti pour une soirée de mime, et une nuit à l’étage de sa cabane avec juste notre tente intérieure pour nous protéger des moustiques.

La cabane du berger

Lampe à pétrole et sauterelle


Cookies à la cannelle pour le petit-déjeuner !

Le lendemain alors que nous nous dirigeons vers Gorgan pour attraper un bus nous tentons sans grand espoir de téléphoner à l’ambassade turkmène pour  nos visas. Et là nous sommes doublement chanceux : nous les avons du premier coup, et ils nous confirment que notre demande a été acceptée ! Hourrraaaaa !! Danse de la joie ! Arrivés à Gorgan nous prenons le bus pour Mashhad où nous sommes accueillis par Myriam et sa famille.

Arrivée chez Myriam nous sommes accueillis avec un superbe gâteau au chocolat !

A Mashhad, nous récupérons d’abord nos Visas, sans pouvoir boire une petite bière pour fêter ça. C’est ballot quand même !!! Et nous visitons le mausolée de l’Imam Reza avec Myriam. On a même droit à un guide personnel et un photographe qui nous mitraille pendant toute la visite ! Ca nous fait bien rire ! Avant de démarrer la visite, on a été dans un hôtel pour manger cachés (c’est Ramadan !) et le gérant a beaucoup échangé avec Myriam qui lui a tout expliqué de notre voyage. Il a alors appelé le mausolée en leur parlant de nous et en insistant pour qu’on soit bien accueillis ! Le mausolée de l’Imam Reza est un lieu saint très important pour les chiites et de nombreux pelerins viennent le visiter. Les femmes doivent avoir les pieds couverts, et porter le tchador (et pas uniquement le foulard hijab). D’où le magnifique style de Flo : sandales/chaussettes et tchador trop court !

Nous passons une fois de plus de très bons moments avec Myriam. Elle parle très bien anglais et part pour un mois de vélo entre Yerevan (Arménie) et Istambul dans une semaine avec un groupe de cyclistes iraniens. Elle s’entraîne tous les jours pour son voyage et est en pleins préparatifs. Elle nous impressionne, elle a une sacré volonté ! Pas facile d’être une femme cycliste en Iran !

Mausolée de l’Imam Reza

Non le tchador de Flo n’est pas trop court !

Cyclist hot chocolate

Nous partons de Mashhad et avons trois jours pour rejoindre la frontière turkmène, ce qui nous permettra de nous reposer une demi journée avant le marathon ! Ces derniers jours de vélo en Iran sont particulièrement agréables car nous roulons sur de petites routes, mais déjà avec le vent de face… comme pour nous préparer au Turkménistan. Nous passons notre avant-dernière nuit avec des ambulanciers iraniens et Martin se refait la main pour quelques parties de PES ! (PES pour les non initiés, c’est un jeu de video de foot qui a bercé notre enfance …. et encore maintenant ^^)

Premier camping dans le désert avant le Turkmenistan

Oulalala c’est bon le petit déjeuner !

Pause à l’ombre bien méritée et thé à la cardamome

Qui veut du bon pain frais ?!! Nous ! Nous !

Un PES ! Deux superbes matchs Bayern vs Barcelone 🙂

Visas, tourisme et petites soirées iraniennes 

Le moment un peu redouté est arrivé. Nous sommes à Téhéran et c’est ici que nous ferons toutes nos demandes de visas pour l’Asie Centrale. Une pause d’une dizaine de jours au minimum est à prévoir. 
C’est donc parti pour le marathon des ambassades dans cette ville tentaculaire qu’est Téhéran. 

La Chine change de règle tout le temps, on passera donc notre tour bien que notre dossier soit totalement prêt, il nous fallait arriver à la frontière dans les 3 prochains mois. On ne sait même pas si on y arrivera alors ça faisait short ! 

Pour le Turkménistan, prochain pays sur notre parcours, il nous faut le visa de l’Ouzbékistan. Ce dernier est facile à obtenir mais il faut attendre 8 jours ouvrés. Si on ajoute les week-ends, les horaires d’ouverture (9h-11h), les multiples passages à l’ambassade de France pour avoir des lettres de recommandation, cela devient vite un casse tête d’organisation. Heureusement que de nombreux sites internet de voyageurs partagent leurs expériences (où trouver une photocopieuse couleur, le nombre de photos d’ identité, les vraies horaires d’ouvertures des ambassades etc…) pour s’y retrouver. Jusqu’à obtention du visa Turkmene, nous aurons une petite angoisse car le taux de refus est d’environ 50%, nous avons demandé de le récupérer à Mashad, soit 200km avant la frontière. Nous allons donc rouler les dix jours suivant notre demande sans savoir si nous pourrons franchir la frontière. 

  • Tout cela nous a permis de nous reposer chez Hamid (notre sauveur de vélo) puis chez son cousin Reza, pilote d’avion et amateur de vin rouge qu’il confectionne lui même dans son appartement. Et franchement on s’est bien régalé. Son vin n’a rien à envier aux grands crus français, mais c’est normal quand on connaît les secrets de fabrication. Raisin de qualité, décortiqué à la main entre amis en écoutant du classique. Les gens stressés sont interdits de manipulation pour ne pas donner de mauvaise énergie au vin. Et ça marche ! 😋🍷

L’avantage de passer du temps chez des iraniens c’est de découvrir la cuisine iranienne. En effet, dans les restaurants, on ne trouve que des chicken ou meat kebab avec du riz. C’est très bon, mais ce n’est pas très élaboré ! Mais super efficace pour le vélo ! La cuisine iranienne utilise de nombreuses épices et herbes, le safran est également à l’honneur ainsi que la rose et la fleur d’oranger. Les fruits secs et les oléagineux (noix en particulier) sont aussi présents dans de nombreux plats en sauce. On a noté quelques recettes et on espère bien les partager avec vous au retour ! 

Depuis plusieurs semaines, l’ambiance en Iran est très animée par les élections présidentielles et locales qui ont le lieu le 19 mai.  Initialement il y avait 6 candidats mais au fur et à mesure la liste diminue. L’idée étant de soutenir un candidat et d’obtenir ainsi plus de temps de parole pendant les débats. Deux camps s’affrontent : les réformateurs incarnés par Rohani (président en place depuis 2013) et les conservateurs de Raesi (hostiles à l’occident et à l’ouverture du pays). On aura vécu de l’intérieur cette élection car les Iraniens parlent très facilement de politique. On nous demande d’ailleurs très souvent notre point de vue sur l’Iran. 

Pendant les premières semaines de notre passage en Iran, nous avons donc été accompagnés par les photos des candidats, été accueillis en ville en musique, avec distribution sur le bord de la route de gâteaux et de jus pour soutenir les candidats locaux et pour les présidentielles. Et en vélo cela donne un sacré bordel car tout le monde veut son petit jus et son gâteau quitte à faire un nombre incalculable de queues de poisson aux pauvres petits cyclistes que nous sommes ! 

Ici les gens affichent clairement leur camp. Quand on rentre dans un magasin, on sait de suite pour qui vote le patron 😊

Le système démocratique iranien est assez original puisque que c’est une des seules démocraties du moyen orient mais qu’elle est chapeautée par le Guide Suprême (autorité religieuse) qui lui n’est pas élu par le peuple. Ce dernier avec le conseil des gardiens valident les candidats qui se présentent à l’élection présidentielle. On a donc une élection démocratique sur la base de candidats validés uniquement par le guide suprême Khamenei. Les gens nous expliquent donc très souvent que le « gouvernement » est très mauvais (faisant référence au pouvoir du clergé)  mais que Rohani fait avancer les choses dans le bon sens (accord sur le nucléaire, ouverture à l’Europe et aux US aidée par Obama). On a vraiment senti chez les gens une envie d’avancer et de retrouver la grandeur de l’Iran d’avant la révolution islamique de 79 qui a conduit le pays à se renfermer sur lui même. 

Le petit tips des pralines pour savoir comment les gens votent : si les gens écoutent du Rap ou Rihana dans leur voiture, ils votent Rohani. Si les gens ne s’adressent qu’à Martin quand ils nous parlent, ils votent Raesi. Si on nous propose du vin ou whisky alors on est dans une famille qui vote Rohani 😊

On s’est vraiment fait de très bons amis ici (un peu les Buddy buddette de Téhéran ^^) . On pense déjà à revenir en Iran par les retrouver,  pour faire de la randonnée, découvrir le sud en hiver.  Reza, notre deuxième hôte à Téhéran, sort tous les soirs avec ses amis : « We will die » comme il aime répéter ! 

Ispahan 

Profitant de notre pause forcée pour obtenir le visa Ouzbékistan, nous décidons de faire une petite escapade au centre du pays dans les villes réputées de Yazd et Ispahan. 

Ispahan a été à la hauteur de nos attentes, cette ville est magnifique et nous laissera de très jolis souvenirs. Nous avons en effet fait la connaissance de Mahsa dans le bus qui nous a invité chez elle. On a ainsi rejoint Mahdi un de ses amis à Ispahan.  

Difficile de ne pas tomber sous le charme de la grande place Naghsh-e Jahan (petite dédicace à Victor qui rêve de manger un macaron sur cette place 😋). Ici le calme règne (asse rare en Iran), on aime s’asseoir et regarder autour de nous sans rien faire. On a eu un vrai coup de foudre architectural (même effet que Venise ^^). 

C’est aussi le jour des élections que nous visitons Ispahan. Du coup, certaines mosquées sont fermées aux visites pour que les gens puissent y voter. Il y avait du monde ! 

Dernier repas en famille à Ispahan avec le suivi des résultats de la présidentielle en live à la TV. La tante de Mahdi est archéologue et est responsable pour l’unesco de la place Naghsh-e Jahan. Encore une soirée très intéressante ! Petit vin arménien, pizza et coca 😋

Yazd

Pour notre court séjour à Yazd, nous nous sommes offerts une petite guest house qui nous surtout permis de nous coucher aux heures françaises et non pas tard comme les Iraniens. Quel bonheur de dormir ^^

Yazd est une petit ville au milieu du désert qui possède des vestiges et temples zoroastriens, religion pré islamique en Iran. 

Yazd est composé de petites ruelles formées par les maisons en pisé. Il est agréable de s’y perdre, à l’ombre car ici c’est la fournaise ! 

Après toutes ces belles aventures, c’est reparti vers l’est de l’Iran ! 🚴‍♀️🚴‍♂️

L’Iran, un pays à deux visages… 

« L’invité est un ami de Dieu » comme le dit un proverbe irannien.

Dès le passage de la frontière entre Arménie et Iran le charme opère : les sourires, les Hello, les « Where are you from ? », rythmeront désormais nos journées. Alors la légère inquiétude au passage de frontière est vite dissipée. Pour Flo c’était en particulier un sentiment mitigé à l’idée de se voiler et pour Martin un questionnement par rapport à l’image que l’on a de l’Iran : un pays très fermé. Allait-on nous bombarder de questions sur le but de notre voyage ? Eh bien non, on nous a juste demandé nos professions et le nom de nos papas respectifs. Comme depuis septembre 2016 il est interdit aux femmes de faire du vélo on se demandait quel serait le regard des iraniens. Eh bien ils s’en moquent (pour nous tout du moins) et nous avons appris ici que des groupes de femmes courageuses bravent l’interdit et continuent à pratiquer leur sport préféré. Nous n’en avons malheureusement pas croisées et n’avons vu que des hommes à vélo. 

 

On découvre aussi un pays multi ethnique dans lequel les perses constituent « seulement »  un peu plus de la moitié de la population. Nous sommes arrivés par l’Azerbaïdjan oriental, région turque d’Iran. Les turcs d’Iran (azeris) sont entre 15 et 20 millions dans un pays qui compte 80 millions d’habitants. Ils vivent principalement au nord ouest, région par laquelle nous arrivons en Iran. On est donc tout content de pouvoir réutiliser notre petit vocabulaire turc ! 

L’Iran est constitué d’une mosaïque d’ethnies différentes (Perses, turcs azeris, kurdes, arabes, lors, pachtos, baloutches, arméniens, caspiens). 

La culture iranienne est un socle commun mais chaque ethnie a ses spécificités, ce qui pour nous est très intéressant car tout le monde tient à nous expliquer les différences culturelles. Il faudra par contre revenir pour découvrir toute l’Iran car c’est un pays immense ! (3 fois la France). Pour les gens qui aiment les cartes comme Martin (La famille Chevalier par exemple ?), on vous recommande vivement le site Iran Carto réalisé par le Cnrs et en partie par l’excellent géographe Bernard Hourcarde qui a écrit plusieurs ouvrages sur l’Iran. 

L’Iran est un pays extraordinaire, un pays extrêmement touchant, un pays dans lequel on sent bien, heureux, en sécurité. On retrouve beaucoup de similitudes avec la Turquie, mais les Iraniens sont encore bien plus curieux que les turcs… Et c’est un euphémisme ! Peu habitués à voir des touristes, les Iraniens nous stoppent sans arrêt sur la route pour prendre des photos, des selfies avec tous les membres de la famille, pour nous ravitailler de jus de fruits, de gâteaux, de pain etc… Il nous faut apprendre à ne pas systématiquement s’arrêter pour pouvoir avancer un peu sur la route ! Ici, impossible de manquer de quoi que ce soit. Nous avons vite appris qu’il ne faut pas avoir trop de provisions dans nos sacoches au risque de les voir vite déborder des cadeaux accumulés ! 

En Iran aussi, le thé est une grande tradition même s’ils en boivent moins qu’en Turquie. Des gens chez qui on était invité nous ont dit qu’on buvait le thé comme les turcs. Sacré compliment pour nous 😀 On a même appris qu’ils avaient des plantations de thé et de riz le long de la Caspienne… Si on avait su, on y serait allé faire un tour. Pour la prochaine fois ! 

Tabriz est la première ville au nord que nous traversons. Elle nous permet de faire une petite halte, de racheter nos pneus perdus et de se perdre dans le plus grand bazar couvert au monde (rien que ça !). Les tapis de Tabriz sont très réputés et sont vraiment superbes. 

Les iraniens sont très touchants, ils sont sincèrement heureux de nous voir venir de si loin pour découvrir leur pays et cela nous plonge dans un sentiment de sérénité car on se sent très rapidement comme chez nous. Traverser une frontière et s’acclimater à un nouveau pays, ses codes, sa culture nous demande toujours quelques jours.  S’adapter à l’Iran est très simple pour le voyageur qui aime rencontrer des gens et discuter. Pour nous c’est un véritable bonheur d’être ici, et on savoure précieusement car on sait que la suite du périple sera différente. 

C’est très agréable de se sentir en sécurité, de savoir que quoi qu’il arrive, on nous aidera toujours, il y aura toujours une solution. Voyager à vélo c’est être dans une sorte d’inconnu permanent : on ne sait jamais ce qu’il va nous arriver, on ne contrôle pas grand chose à part notre direction. Lorsque l’on part le matin, on ne sait jamais où l’on va dormir le soir. Cette « inconnu » n’est pas désagréable, mais en Iran il est très simple à gérer. Depuis le début de notre voyage nous n’avons jamais été aussi en confiance dans un pays. Et quel comble face aux préjugés tenaces sur ce pays. On aime vraiment l’Iran. 

C’est la première fois que les familles se disputent notre venue, ou viennent vers nous systématiquement  pour nous inviter à manger, à dormir. On arrive dans un village ou une ville, on regarde notre plan et en 5min une dizaine de personnes sont autour de nous pour nous parler et nous inviter ! C’est très rigolo et touchant même si parfois on a besoin d’un peu d’intimité et de calme et que dans ce cas là il faut faire preuve de malice et de persévérance ! En effet le rythme iranien n’est pas tout à fait adapté au vélo puisque l’heure de coucher classique est entre 1h et 2h du matin ! Alors quand on rajoute l’excitation d’avoir des invités étrangers on ne vous dit pas ! 

En Iran il est très courant de camper dans les parcs municipaux, bien pratique pour nous ! Il y a un seul modèle de tente en Iran qui ressemble à une tente 2 secondes alors on détonne un peu avec notre hubba hubba ! 

Beaucoup de gens parlent anglais ici, et encore plus parmi les jeunes ce qui contraste fortement avec la Turquie. Du coup, nos échanges sont très intéressants, et on apprend énormément sur la diversité du pays, sa culture et la politique qui passionne les Iraniens. « Are you happy with Macron? », alors on explique la complexité de notre système et la composition de notre nouveau gouvernement hihi. En tout cas les iraniens semblent rassurés de voir Macron au pouvoir plutôt que Le Pen 😉 On est surpris de voir à quel point les Iraniens suivent la politique étrangère !  

Si les Iraniens sont très heureux de nous voir pédaler dans leur grand pays, il est important pour eux de savoir quelle est notre opinion et notre vision de l’Iran. Une question qui revient quasi systématiquement est de savoir comment on voyait l’Iran avant de venir et après. Ils sont très attristés et souffrent de la mauvaise image qu’ils ont en occident et ont à cœur de démontrer le contraire. Malheureusement Trump, en Arabie-Saoudite,  vient encore de qualifier l’Iran de pays soutenant le terrorisme tout en vendant 110 milliards de dollar d’armes aux Saoudiens … Cela ne va clairement pas aider à un apaisement dans la région … Cela nous fait mal au cœur, les iraniens ne jurent que par la paix et l’amitié entre les pays, ils sont beaucoup à nous l’avoir expliqué.  

Les iraniens que l’on a rencontré sont extrêmement ouverts d’esprit. On le découvre davantage une fois franchie la porte des maisons. Il existe bien deux Iran : celui de l’extérieur et celui de l’intérieur, du cercle familial, du cercle des amis. Les voiles tombent au sens propre et au sens figuré et les langues se délient encore plus (les iraniens sont très bavards).  On découvre un Iran bien plus occidentalisé que ce que l’on pensait. La religion n’est pas du tout omniprésente comme elle peut l’être en Turquie par exemple. Malgré certaines interdictions officielles, les Iraniens sont très libres et nous parlent ouvertement de plein de sujets divers. 

En étant invités chez les gens, on découvre aussi ce que les Iraniens appellent le « Ta’arof ».  Deux exemples que nous avons vécu : pour savoir si l’on est vraiment invité il faut d’abord refuser deux ou trois fois la proposition. Si notre interlocuteur réédite son invitation c’est qu’elle est vraiment sincère. Sinon c’est qu’il ne veut pas nous laisser dans l’embarras mais ne souhaite pas nous inviter chez lui. Ou alors le commerçant refuse que l’on règle nos achats et nous devons insister plusieurs fois pour payer. Nous expliquons aux iraniens qu’ils devraient se méfier avec nous touristes car sans connaitre le ta’arof nous pourrions accepter la proposition directement et être très impolis à leurs yeux !

Comme si bien évoqué dans un guide culturel de l’Iran (offert par un iranien est il besoin de le préciser ? 😊) « Les iraniens évoquent la terre pour parler du ciel, et leur affabilité laisse croire qu’ils se révèlent, alors que la politesse est un jeu de miroirs et de masques. […] Pour l’occidental habitué à l’efficacité, à la franchise et à la transparence de sa vie quotidienne et des rapports humains, la mentalité orientale semblera tortueuse, compliqué et incompréhensible. La logique iranienne n’est pas illogique ou irréaliste, mais elle n’obéit pas à notre rationalisme. Elle rappelle que le monde est relatif et illusoire et qu’il ne se laisse pas capturer dans des notions trop affirmatives et rigides.  » 

Nous n’avons bien sûr qu’entrevu ces subtilités mais quelle belle leçon pour appréhender d’autres cultures et relativiser nos réactions, nos habitudes. 

L’hospitalité iranienne est sans aucun doute ce qui nous marque le plus depuis notre arrivée dans le pays. Tout le monde nous donne son numéro de téléphone : « If you have any problem, just call me », on a des contacts dans tout le nord de l’Iran maintenant, on est même obligé de prendre les gens en photo pour se rappeler qui nous a donné son numéro de téléphone 😀 On s’est fait de vrais amis ici en Iran, on espère en voir beaucoup nous rendre visite à Paris. 

La route vers Téhéran est longue et très droite… C’est l’occasion de faire quelques records dont une longue journée à 155km ! 

Allez, derniers coups de pedales pour Téhéran ! 

Petite dédicace au cousin de Martin qui est Boulanger. Ici les pains sont différents de ceux de Nils mais aussi très bons. Ils sont cuits au four à bois. Notre ami à Téhéran va choisir ses graines au marché et demande au boulanger de lui faire ses petits pains personnalisés. Martin était tout fier de lui raconter que son cousin était, lui aussi, boulanger !