Quelle excitation lorsque nous avons passé la frontière tadjike ! Comme on vous le racontait dans nos derniers articles, après la platitude ouzbèque nous étions très très heureux d’arriver au Tadjikistan ! Enfin nous allions retrouver les montagnes !
Nous avons découvert la « Pamir Highway » l’an dernier lors d’une chaude après-midi en Turquie. Après avoir visionné plusieurs vidéos de cyclistes l’idée a germé en nous : nous aussi nous voulions parcourir à vélo la seconde plus haute route du monde !
La route entre la frontière et Dushambe la capitale n’a pas grand intérêt à part les nombreuses photos du président tadjik qui jalonnent la route : le président auprès des enfants à l’hôpital, le président qui inaugure un pont, le président qui se balade dans les champs. On a beaucoup ri !

Notre route au Tadjikistan. Depuis Dushambe nous avons choisi de parcourir la route Nord, plus difficile, et selon nos sources une bonne préparation pour la vallée du Wakhan que nous avons prise depuis Khorog.
Arrivé à Dushambe, et en l’absence de Véro la fameuse Warmshower qui sauve tous les cyclistes qui roulent dans le Pamir nous avons été au Green House Hostel, un vrai repère de voyageurs à vélo. Lorsque nous sommes arrivés il y avait déjà une dizaine de vélos dans la cour intérieure. Ca s’annonçait bien, on allait pouvoir récolter des infos et bien se préparer !
Nous avons alors contacté Cécile et Edouard, des amis d’amis aussi en voyage à vélo avec qui nous échangions sur Whatsapp depuis l’Iran ! Bingo ils partent demain matin pour la route Nord mais nous proposent gentiment de venir boire une bière au Greenhouse Hostel. On passera une bonne heure à papoter vélo, tout le monde parle en même temps, on a tant de choses à se raconter ! Et super surprise nous retrouvons aussi l’écossaise et l’irlandaise croisées à l’ambassade Ouzbèque à Téhéran appelées dans la suite des articles les « Shonas » (elles ont le même prénom !). On est super heureux de se retrouver et on ne sait pas encore qu’on va passer un mois à rouler avec elles !

De gauche à droite, Martin, Flo, Edouard, Cécile, Scottish Shona et Irish Shona !
On passera trois jours à Dushambe à nettoyer nos affaires et vélos, faire des provisions pour les jours qui viennent, réparer nos vélos, et boire des bières en joyeuse compagnie. Martin fera aussi des analyses à l’hôpital iranien sur les recommandations de Vero (ne partez pas dans le Pamir avec des problèmes de ventre !) car son ventre n’est pas au top depuis l’Ouzbekistan. Et il a bien fait puisqu’on lui a diagnostiqué des vers : traitement de plusieurs semaines prévu pour s’en débarrasser. Heureusement les Shonas qui sont toutes les deux vétos nous rassurent en nous disant que ce sont de gentils vers, souvent ceux que les chiens ont en Europe 😉 Parfait, on est rassurés ! Hihihi. Flo aura aussi quelques jours de traitement et son ventre ira bien mieux après !

Spanish Marc en pleine réparation de vélo. Séchage des tentes et sacs de couchage.

Un délicieux camembert en boîte (can de qualité supérieure comme indiqué sur le paquet)

Toujours cette architecture si particulière des -stan countries !
Le jour du départ, sans l’avoir vraiment prévu nous partons à 7 : les Shonas, spanish Marc mécano vélo à Barcelone qui a soigné les vélos de tout le monde ces derniers jours, Witali un allemand qui roule avec spanish Marc depuis la Turquie, et german Marc qui est arrivé il y a quelques jours à Dushambe par avion, mais a du attendre son vélo jusqu’à ce matin. Il a tout monté rapidement et peut donc aussi partir avec nous !

De gauche à droite les Shonas, spanish Marc et Flo

Sortie de Dushambe

Pic nic et petit thé. De gauche à droite, german Marc, Witali et spanish Marc. (C’est la dernière fois que les deux Marc se donneront à coeur joie sur les restaurants 😀 )
Le premier jour reste assez urbanisé, nous sortons de Dushambe et commençons à traverser quelques villages, mais nous restons sur de l’asphalte.

Premier bivouac tous ensembles, les Shonas ont préparé un petit feu et on a ressorti les doudounes !

C’est parti pour le deuxième jour ! Witali, german Marc, spanish Marc, Martin, Flo et les Shonas !

Lorsque nous traversons les villages tous les enfants viennent nous faire des High 5’s !

Départ chenille pour notre deuxième jour tous ensembles !
Le deuxième jour les paysages sont très verts et nous avons déjà l’impression d’avoir quitté Dushambe depuis longtemps ! Nous commençons à rouler sur des pistes parfois bien raides et caillouteuses. La route est superbe et longe une rivière large, trouble et marron. On commence à réaliser que ça y est, on y est !

Le vélo de Marc en « bikepaking » : uniquement sacoche avant, sacoche de cadre et de guidon qui permettent d’être plus léger et d’améliorer les sensations sportives VTT. Marc est ambassadeur pour la jeune marque allemande de vélo Bombtrack, Martin a essayé son vélo et il est fan ! (Futurs voyages ?! ;))

Premières pistes tadjikes, Flo prend son temps mais ça roule !

On suit la rivière ! Elle est belle ❤

Spanish Marc intrigue un tadjike avec ses grandes boucles d’oreille en bois

La classe à la tadjike

On en prend déjà plein la vue !

La fameuse descente où la roue libre de Flo commence à faire des siennes…!
On fait nos courses et nos réserves d’eau pour le soir dans un village, dont nous sortons par une belle descente asphaltée. C’est ici que Flo entend les premiers clicclic du dérailleur qui saute à cause de la roue libre bloquée… La suite vous la connaissez, une combinaison d’étoiles et de solidarité qui nous permet, seulement trois jours après le début du problème de retrouver notre fine équipe !

Bivouac avant de retourner en stop à Dushambe. C’est ici en une seule soirée que tout s’est réglé grâce à une superbe chaîne de solidarité !
72h après, le matin nous retrouvons donc notre fine équipe après une nuit sur la terrasse d’une guest house. Nous y sommes arrivés dans la nuit à 2h du matin. Tout le monde dormait (enfin c’est ce qu’on pensait) et nos deux petits « lits » nous attendaient !
Malheureusement la nourriture tadjike a fait son effet sur nos amis, spanish Marc a passé la nuit entre son sac de couchage et les toilettes et ce matin german Marc et Witali ne se sentent pas bien. On décide donc de rester une journée ici à Kalaikhum pour que tout le monde reprenne la forme. Au programe lecture, papotage, etc.
Le lendemain matin c’est au tour de Shona de se sentir mal… Pour vous dire que le Tadjikistan est un vrai challenge pas que sur le plan sportif. On passe pour le moment entre les mailles du filet mais pas pour bien longtemps. On décide de partir quand même et d’y aller tranquillou. A partir de Kalaikum nous longeons la frontière afghane. L’Afghanistan est en face de nous, seule la Panj river nous séparent !

Un petit kitty s’est glissé dans notre sac vieux campeur !

On parle itinéraire et cartes

Whaouuuuuu effect !

La fine équipe

Spécialité des Shonas : la crevaison 😉

Irish Shona toujours en pleine forme !

Village afghan

La classique pause pour faire le plein d’eau pour le bivouac
Pendant quatre jours nous roulons pour atteindre Khorog le long de la rivière Panj, parfois très étroite avec des falaises escarpées et minérales, parfois plus larges et vertes permettant quelques cultures. Dans les quelques villages traversés nous sommes accueillis par les High 5’s des enfants (parfois difficile d’y répondre au vu de l’état de la route), par deses « What’s your name ? » et des « How old are you ? ». On décide que toutes les filles s’appelleront désormais Fatimah et les garçons Mahmoud ce qui donne lieu à de nombreux fous rires !

Les camions chinois sur l’étroite M41 (oui c’est bien une highway tadjike !)

Bon, on achète quoi pour ce soir ? Boouuuuuuuuuh !!!
Nous découvrons avec une joie non dissimulée les fameuses épiceries tadjikes dont on avait lu les mérites sur d’autres blogs : gâteaux secs en vrac (qui sont soit mous lorsqu’ils sont censés être croustillants, soit durs quand ils sont censés être moelleux !!!), boîtes de thon à l’allure douteuse (en gros sélection des pires morceaux marrons et os de poissons), et pâtes en vrac qui à la cuisson sont collantes à l’extérieur et pas cuites à l’intérieur. Notre régime quotidien midi et soir est constitué de pain, ketchup et mayonnaise.

Au coucher du soleil, juste avant de trouver un bivouac.

Quand un militaire arrête Martin pour lui demander de l’eau et pour prendre une photo !

Nous qui ne buvons jamais de soda habituellement, ils font partie de toutes nos pauses, surtout si on a la chance de trouver du fanta !

Butin de l’équipe pour les pauses : on trouve partout des snickers qui sont devenus notre snack favori, et le régime de Witali qui parfois en fait son déjeuner ou son dîner !

Mmmmmhhh quel délicieux pic nic ! On a trouvé de la mayo c’est le grand luxe 😉

Boucherie ambulante : un cadavre dans le coffre !

Passage de notre dernier checkpoint avant Khorog : assez magique en terme de décors ! Des théières partout sur le rebord de la fenêtre, une table et un grand cahier où un officier appliqué note après avoir tracé le tableau à la règle toutes les informations nécessaires sur les cyclistes de passage !

La fine équipe, dernier jour avant d’arrivée à Khorog ! La « worm » pause ! (en hommage aux vers de Martin)
Avant d’arriver à Khorog c’est l’anniversaire de Witali ! Ce matin c’est donc atelier gonflage de ballons (trouvés par chance hier) et un joyeux anniversaire avec pour gâteau… des snickers bien sûr !

On se cache tant bien que mal derrière la tente pour l’atelier gonflage des ballons !

Happy birthday Witali ! Les ballons n’ont pas survécu bien longtemps à l’épineuse végétation de notre bivouac !
Pendant notre dernière journée avant d’arriver à Khorog notre fine équipe s’agrandit ! Nous roulons maintenant à 9. En effet Marie qui vient de Konstanz en Allemagne était avec nous à Dushambe mais devait attendre son ami Bernard qui avait dû retourner pour une semaine à Berlin avant de pouvoir reprendre la route ! Ils nous ont rattrapé ce dernier jour après avoir pédalé bien efficacement 😉
Nous avons pu donc fêter tous ensembles autour d’un bon repas (une sauce tomate maison, vous y croyez ?!!) et de bières fraîches si longtemps désirées, l’anniversaire de Witali ! Quelle bonne soirée à rigoler tous ensembles !

De gauche à droite Bernard qui nous a rejoint, german Marc, spanish Marc, Witali, Martin, les Shonas, Marie et Flo !
Ce sont nos derniers moments avec spanish Marc (qui ne laissera pas Witali abandonner le Pamir), Witali (qui en a marre des pistes et choisit donc la M41 qui est asphaltée sur de plus longs tronçons) et german Marc (pris par le temps car il a RDV avec des amis au Kirghizistan). En effet après Khorog ils vont emprunter la M41 alors que nous nous engageons dans la vallée du Wakhan. C’était la première fois que nous roulions plusieurs jours avec d’autres cyclistes, à 7 puis 9 qui plus est ! Et c’était le début d’une formidable expérience humaine pour nous, le groupe a super bien fonctionné et était une véritable auberge espagnole ambulante ! C’est amusant comme nous étions tous des clichés de nos pays respectifs : spanish Marc toujours partant pour une sieste après le pic-nic et avec un accent espagnol à couper au couteau qui nous a valu tellement de fou-rires, Witali toujours le premier à proposer « Let’s go » après les pauses, german Marc super organisé, les 2 Shonas en profs d’anglais et qui se chamaillent sur les expressions à utiliser selon l’Ecosse ou l’Irlande et nous les deux frenchys à toujours parler de nourriture ! Et ça a continué ensuite avec Marie et Bernard les deux allemands parfaits, toujours les premiers à avoir planté la tente, et les premiers à être prêts le matin et bien sûr Bernard toujours « accurate » sur les heures de réveil, les dénivelés et les km restant jusqu’à la prochaine pause.
Mais la pause à Khorog a encore frappé ! Une fois de plus (première fois à Kalaikhum) quand nous nous ne bivouaquons pas le manque d’hygiène tadjik se rappelle à nous et cette fois c’est Martin qui se sent mal… Suivi le lendemain par Flo et german Marc …! La suite dans notre prochain article !

Martin affalé sur son matelas se repose pour aider son organisme à lutter contre les microbes tadjikes !