Les montagnes russes arméniennes

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L’arrivée en Arménie est assez naturelle en venant de Géorgie, la culture étant assez proche. Le choc de culture se situait davantage entre la Turquie et le Caucase : on quittait alors le monde de l’Islam avec le chant des imams qui rythmaient nos journées avec le retour aux églises, et surtout le monde « russe ».

Les visages changent, on ne parle en Arménie pas plus anglais qu’en Georgie mais toujours autant le russe. Si bien qu’on mélange les mots arméniens et russes sans savoir quelle langue nous parle les gens. On excelle surtout dans les mimes et ça marche bien. On regrette de ne pas connaître un peu plus le russe pour apprendre un peu plus des gens, mais il faut encore qu’on apprenne notre petit livre de communication russe. Ca nous a motivés pour nous y mettre avant l’Asie Centrale en tout cas !

En Arménie, c’est aussi le retour du « Turkish coffee » qu’on avait découvert dans les balkans. En Grèce, on l’appelait « Greek cofee », en Turquie on n’en a jamais bu et ici c’est l’ « Armenian coffee » 🙂 Fini aussi les çay toutes les heures. C’est quelque chose qui nous manque rapidement. Mais ici, comme en Géorgie on redécouvre la bière et surtout la vodka ! Véritable substitut de l’eau surtout pour les locaux ! 😀

Tout est prétexte pour se faire un petit cul sec de vodka : l’amitié franco-arménienne, le fait qu’on soit des « brothers, à l’Arménie, à la France, au Karabagh, à Poutine, à Sarkozy (qui est très connu ici pour ses propositions de textes pour « réprimer la négation » du génocide arménien). On nous a même proposé de la vodka à 10h du matin alors qu’on voulait juste chercher un peu d’eau. Bref ici, il faut la jouer filou pour ne pas terminer « torchon » sur son vélo !

 

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Pralinette est prête pour la chasse !

La Russie a très bonne image en Arménie, les gens regardent la TV russe, l’armée russe est présente sur les frontières, la plupart des gens parlent russes et nous vantent la puissance de Poutine en tant qu’ »homme fort » … et hop une petite vodka pour Poutine ! 🙂

Il faut aussi avouer qu’être français en Arménie, c’est un véritable facteur de sympathie, les arméniens aiment beaucoup la France, on nous parle souvent d’Aznavour et aussi de Zidane. Ce dernier n’a rien à voir mais les gens l’aiment beaucoup aussi ^^

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On sait aussi qu’on est dans un pays de l’ex-URSS avec le réseau de gaz « visible » comme à Berlin-est. Au début cela nous surprend, et au bout de quelques jours on s’habituent très vite, et on trouve cela utile pour poser ses vélos pour faire une petite pause. En effet, les tuyaux de gaz sont hors de terre, ce qui donne des paysages parfois rigolos avec des ponts de tuyaux, des entrées pour voiture contournées par les tuyaux.

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Le dédale de tuyaux

Pour arriver au Lac Sevan, un petit col s’offre à nous avec un tunnel qui en coupe la fin. Deux arméniens se proposent de faire « bouchons » et rouler derrière nous pour qu’on soit tranquilles dans le tunnel 🙂 Sympa ces arméniens ! Petzel sur le front, c’est parti pour le tunnel avec notre escorte derrière nous. Flaques, trous, et eau qui coule du plafond pour rythmer notre courte aventure dans le noir.

A l’arrivée les gardiens du tunnel nous accueillent dans leur poste de sécurité qui fait aussi office de serre pour les plantes. Quelques bouteilles de vodka sont posées sur la table, on nous sert café, pain, viande et vodka pour Martin qui a désormais appris à faire semblant de boire !

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On s’est offert une petite pause au lac Sevan mais nous avons été extrêmement déçu. A cette période de l’année, le printemps n’est pas encore là à 1900m d’altitude, si bien que la nature est assez triste : pas de végétation, très peu d’arbre.

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Monastère à Sevan

La zone est très poussiéreuse, il y avait énormément de vent, et beaucoup de détritus sur le bord du lac, des sacs plastiques et bouteilles de bière sur la route…  On roulait à 6km/h, petit plateau grand pignon (même effort que pour grimper un col à 14% !).

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Les décharges à ciel ouvert montrent à quel point le plastique est une catastrophe… Et ici pour tout et n’importe quoi les commerçants emballent dans des sacs plastiques. Et ils sont très étonnés quand on refuse !

Bref, on en a bavé pour sortir de là. On a par contre bien rigolé lorsque Martin a demandé un second chauffage dans notre petite chambre (il faisait 7°C), et la tenancière lui a sorti un grand NIETOU ! (A priori c’est du russe 😀 )

L’Arménie c’est aussi le paradis des Lada ! Pas besoin d’aller à Cuba pour voir des vielles voitures 😀

On goûte aussi à la joie des markets où l’on trouve essentiellement de la vodka, des biscuits et des petites friandises pour accompagner le café (véritable institution ici). Dans les petits villages en montagnes, on peut se procurer une bonne vingtaine de vodka différentes, mais il est parfois difficile d’avoir un petit peu de pain ou d’eau 🙂 Mais les petits villages sont aussi l’occasion de goûter aux fromages frais et bon miels locaux (les deux ensemble nous font tous nos petits déjeuner d’ailleurs).

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Vodka ou bonbons ?

Après le Lac Sevan, nous avons fait une petite escapade au Haut-Karabagh qui fera l’objet d’un article à part. Ce sera l’une des plus belles parties de notre périple en Arménie avec la réserve de Shikahogh.

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En suivant les conseils d’Anne et Pierre-Alain qui avaient parcouru la Géorgie, Arménie, Iran et Oman en tandem (ceux qui nous ont prêté la Bête l’année dernière) nous sommes allés au monastère de Tatev avec sa petite ascension sur piste qui nous a laissé de bons souvenirs de pentes à 14%. La Bête (petit nom que nous avons donné au tandem) a dû souffrir à l’époque ! Heureusement que ses plateaux étaient en bon état en Arménie, car ici, le plat n’existe pas 🙂

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Monastère de Tatev

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On a croisé plein de cochons, chevaux, vaches, ânes, poneys en liberté dans les villages

La fin de notre traversée de l’Arménie se termine dans le canyon de l’Araxe – frontière naturelle entre Iran et Arménie. Le changement de paysage et de température est radical après seulement un col passé. On sent qu’on se rapproche de l’Iran et de l’Asie centrale. Et on est tout excités d’y arriver !

Avant d’arriver à la frontière on croise une voyageuse à vélo qui vient de Singapour avec laquelle nous échangeons quelques tips sur l’Iran et le Caucase.

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Avant de quitter l’Arménie, le long de la frontière, nous avons le droit à un dernier contrôle par des militaires (russes ? arméniens ?) qui nous demandent nos visa. Petit moment d’hésitation car en tant que Français nous n’en avons pas besoin. Les soldats regardent sur internet, appellent leur chef. Oui c’est vrai les « françouses » n’ont pas besoin de visa en Arménie. Puis ils demandent à Martin son appareil photo qui a eu le malheur de prendre en photo les paysages montagneux iraniens depuis l’Arménie… « Niet foto ! » : pas de photos de la rivière qui fait office de limite naturelle entre les deux pays. Le soldat se met à regarder toutes nos photos depuis le début… La discussion se fait par traduction vocale du russe au français via google. C’est assez rigolo ! Bref, pendant les 10 prochains km, on se sent surveillé par tous les miradors russo-arméniens qui bordent l’Araxe ! L’Asie centrale se rapproche 🙂

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L’Arménie nous laissera de très jolis souvenirs avec une nature magnifique surtout en cette période printanière, les loups la nuit, de jolies courbatures car pas une seule journée sans un col ou plusieurs côtes avec des moyennes à 8-9% et des pics à 14%. Et aussi pour la simplicité et la gentillesse des gens. Encore un pays où il fait bon être cyclo-voyageur 🙂

2 réflexions sur “Les montagnes russes arméniennes

  1. Excellent !!! Mais vous êtes passés par le Haut-Karabah 😮 J’attends avec impatience l’article !!
    Je retrouve tellement d’éléments dans ce que vous racontez, c’est génial 🙂

    oui la piste pour Tatev était raide ^^ J’ai fait une hypo sortie de route à un moment. Vous avez retrouvé le passage secret dans une pièce qui donne sur l’extérieur ?

    Et pareil on avait découvert le vent à Sevan. Par contre la route nous avait semblé très belle de l’autre côté. Plus sauvage, mais peut être une autre saison aussi…

    Gros bisous, et bon nouveau choc des cultures en Iran.
    Profitez bien de Tabriz !!

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